L’architecture civile et militaire au XIVe siècle

Publié le par Cabaret

L’architecture civile et militaire au XIVe siècle

 

 

Dans l’Europe du XIVe, malgré le <<trio mortifère>> peste, guerre et famine, les cités deviennent des centres commerciaux très actifs, où la cathédale représente le premier symptôme de l’orgueil des villes, la Savoie garde encore une fois son originalité. Si Maurienne et Tarentaise possèdent depuis des temps immémoriaux leurs cathédrales, ANNECY qui dépend du diocèse de Genève et CHAMBERY de celui de Grenoble, n’ont pas de cathédrale. Si les querelles avec les voisins dauphinois se sont apaisées courant XIVe, après la Paix de Brétigny et la défaite française de 1356, des bandes de routiers traversent la Savoie et le pays se couvre à nouveau couvert de places fortes. L’architecture militaire s’appauvrit, même si la forme des tours varie, polygonales, à redents, et le plus souvent circulaires. Les échauguettes en bois sont remplacées par des tourelles en pierres ou en parpaings, le crénelage des murs disparaît derrière des galeries qui remplacent les anciens hourds en bois. On essaye de rendre les châteaux plus vivables tandis que de nouvelles bâties avec des bourgs hâtivement fortifiés apparaissent à LULLIN, CHAUMONT, CLERMONT, YVOIRE.

"ruine du chateau de Chaumon en genevois"

Les grandes villes sont refortifiées, MONTMELIAN en 1381, CHAMBERY dès mars 1371 sous la houlette du "capitaine des fortifications" Antoine de Montecuto. En 1390-92 on surélève l’enceinte en la munissant de créneaux et mâchicoulis, travaux qui dureront jusqu’en 1474 pour aboutir au mur ponctué de quinze tours ou tournelles, demi-circulaires pour la plupart, et à une grosse tour carrée sur la portion de courtine reliant la Porte de Maché à celle du Reclus. Au siècle suivant, la fortification fut doublée par des fausses braies et d’une seconde enceinte, parallèle à la première, en avant du fossé.

 

 

" Annecy au 16eme siecle"

 

Le patrimoine civil de CHAMBERY semble d’une rare indigence jusqu’au XVe siècle. Pas d’écoles, pas de Maison de Ville, ni de halle (la Grenette date du XVIe). On se réunit dans l’église paroissiale Saint-Léger, puis chez les Franciscains au XVe. Où se situait la fabrique et le commerce de draps de France de la société montée à Chambéry en 1383 par Jean Lageret ? Chambéry bénéficie d’une série de fondations hospitalières qui correspondent aux nécessités de l’époque. Maladière des Antonins, hors la ville, pour les pestiférés, et leur hôpital Saint-Antoine. La <<Domus Dei>> , hôpital de Saint-François ou Hôtel-Dieu pour les pauvres et les enfants trouvés (rue Croix d’or et place Métropole) reçoit des legs en 1370 et 1375, il a été fondé par le bourgeois Amé de Bignin. D’autres particuliers créent des hôpitaux, celui de Sainte-Croix dit des Chabod ou de Clermont est cité en 1357 et 1387, l’hôpital du Reclus est fondé par noble Guillaume Dieulefils de Chambéry sur le quai Nézin, et celui de la famille Bonivard rue Sainte-Apollonie, assorti d’une petite chapelle. L’<<humanitaire>> peut mener à l’annoblissement, on le voit pour les Bonivard, les Chabod, ou les Candie, troisième famille bourgeoise d’importance à Chambéry, qui construit la tour de Villeneuve à Cognin. La rue Sainte- Apollonie s’appela rue du Four , car il n’y avait qu’un seul four en ville, le four de Visingrin, avec le monopole de la cuisson du pain. Le quartier de Maché s’installa au débouché de la grand route de Lyon au XIVe siècle. Tous les voyageurs passaient par ce quartier populeux où les auberges proliféraient. La Porte de Maché est l’une des trois grandes portes de la ville. On l’appelait aussi porte des Juifs car elle donnait accès au ghetto. La rue des Nonnes actuelle s’appelait <<Foris Portam>> car elle débouchait vers le couvent des minorettes de Sainte-Claire-Hors-la-Ville, par la poterne dite des Dames ou des Minorettes entre la place Saint- Léger et la place Monge. Mais la ville ne possèdait encore aucune fontaine publique. ANNECY se dote de ponts, le Pont de Pierre puis Pont Echaquet, Pont Morens. Le Pont de l’Ile enjambe chacun des deux bras du Thiou. Fin XIVe, un pont de pierre est ouvert au roulage, le Pont Rollier ou Pont Perrière actuel. Le Palais de l’Isle, siège de la châtellenie, qui sert de prison au comte de Genève en 1325, reçoit la Tour Saint -Paul et sert d’atelier monétaire après 1355. A CONFLANS, bourg bien protégé où la Porte de Savoie fait partie intégrante des fortifications de 1381, deux hauts fonctionnaires du Comte Vert Amédée VI, se font construire deux logis seigneuriaux à la mode italienne.

Aymon le Pacifique impulsa la construction de nouveaux châteaux: le sien, à côté de la grange d’eau de l’abbaye d’HAUTECOMBE, et de deux places fortes, LES MARCHES et LES MOLLETTES, sur la frontière dauphinoise, tandis que les puissantes familles s’installaient, Aymard de Seyssel, investi en 1343 de la forteresse de la Bâtie à BARBY, tandis que Gaspard de Montmayeur effectuait de grosses réparations sur son château du CHÂTELARD-EN-BAUGES dans les années 1356-57. Un des exemples les plus représentatifs de l’architecture militaire du XIVe siècle, et le moins dénaturé, semble être la maison forte de la Grande Forêt à SAINT-JEAN-DE-CHEVELU. Construite pour les La Forest, une des familles les plus considérables de la région d’YENNE avec les Chevelu, cette maison de plan carré repose sur une terrasse de gros appareil avec quatre tours d’angle et une cinquième au centre de la façade, avec sa herse et sa porte en arc brisé.

"l'abbaye de st Jean d'Aulph en Chablais"

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